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Solennité de Sainte Clélia Barbieri
Sanctuaire de Santa Maria delle Budrie San Giovanni in Persiceto 13 juillet 2012

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1.

Dans la vie de chaque saint, il y a comme un secret lié à la révélation que le Père fait aux tous petits, celle dont parle l’Evangile. Il est possible de faire une reconstitution historique de la vie de chaque saint et même d’en donner une interprétation socio-politique. Mais la vraie histoire du saint c’est ce qui se passe entre Dieu et le saint lui-même.

Le seul écrit que Clélia nous a laissé donne la possibilité de nous introduire avec crainte et tremblement dans sa plus profonde intimité : « mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras ». Clélia nous a raconté comment tout cela est arrivé.

Que nous révèle ce petit message ? Que Clélia a eu l’expérience surnaturelle de l’amour de « Jésus Epoux ». Il lui a dit : « Ah ma chère bonne fille, tu ne peux pas croire combien est grand l’amour que je te porte, combien je t’aime de façon extraordinaire.

Ce n’est pas par hasard que cette révélation intérieure est advenue pendant la célébration de l’Eucharistie, durant laquelle l’Eglise fait mémoire du plus grand acte d’amour de Jésus pour l’Homme, à savoir sa mort. C’est la découverte que l’amour de Dieu qui se manifeste de manière suprême en Jésus, ne concerne pas simplement tout le monde en général, mais concerne chacun personnellement ; « Il m’a aimé, dit l’apôtre Paul, et il s’est livré à la mort pour moi».

Quelle a été la réaction de la sainte ? Quelle est la réaction de quelqu’un qui se sent comme envahi d’un amour immense, infini, inconditionnel ? D’y correspondre: « Seigneur, dit la sainte ouvrez votre cœur, et sortez-en quantité de flammes d’amour, et avec ces flammes, embrasez le mien : faites que je brûle d’amour. C’est l’écho des paroles de l’Ecriture : «  ses traits sont des traits de feu, une flamme du Seigneur » (Ct 8,6).

La matinée du 31 janvier 1869, il s’est donc passé dans l’église devant laquelle nous sommes l’évènement le plus grand qui puisse arriver sur cette terre : l’éternité - « je t’ai aimé d’un amour éternel » - s’est incrustée dans le temps ; la béatitude de celui qui se sait aimé d’un Amour inconditionnel s’est emparé d’une pauvre malheureuse. Oui, chers frères et sœurs, la rencontre de Dieu avec l’Homme a certainement commencé dans l’intelligence : le début c’est la foi. Mais elle atteint la perfection dans le cœur parce que c’est une rencontre d’amour.

Que devient la personne avec laquelle Dieu, en Jésus a célébré les noces de son amour ? Réécoutons l’Ecriture : « l’amour est fort comme la Mort, la jalousie inflexible comme le Shéol ». Ecoutons maintenant la sainte : « courage dans les combats, oui ayez du courage et tout ira bien ». Celui qui célèbre les noces d’amour avec le Seigneur ressent un besoin immense d’œuvrer pour le bien de son prochain. Clélia était appelée « mère » de tous, malgré son jeune âge : ce qu’elle vivait intérieurement avec son Epoux la poussait à assumer le poids de la misère humaine qu’elle rencontrait. Dans le christianisme, il n’y a pas de séparation entre être avec le Seigneur et vivre pour les autres.

2.

Chers amis, la célébration en l’honneur de S. Clélia a cette année une dimension spéciale. La sainte a vu l’Amour et elle n’a plus eu peur de rien. Peut-être que ces mois-ci nos yeux - nos yeux du cœur - se sont engourdis ? Le tremblement de terre semble démentir ce que Clélia a expérimenté dans cette église.

Nous avons vécu des moments durant lesquels nous nous sommes crus en proie à des forces impersonnelles, incompréhensibles, indomptables. Des feuilles mortes emportées par un vent impétueux. Et nous nous sommes retrouvés privés des lieux où l’on cesse d’être un étranger pour l’autre : la maison, l’église, la mairie.

Chers amis, si nous interprétons l’épouvantable tragédie du tremblement de terre à la lumière de ce que nous a dit Clélia, nous sommes conduits à la racine même de notre être. D’où venons-nous ? Est-ce qu’il existe une «  force du bien » qui soit plus forte que notre immense fragilité ? Y a-t-il de bonnes raisons de ne pas perdre courage et continuer à espérer ?

Nous ressentons tous le besoin d’une « raison forte », résistante, qui nous donne de l’espérance et qui essuie de nos yeux les larmes de la résignation, de la peur et du désespoir.

Nous avons cette « raison forte », cette source d’espérance : Jésus, le Fils de Dieu, qui s’est fait homme et qui est mort pour chacun de nous.

Les Saints, chers amis, sont ses témoins, puisqu’ils nous témoignent que le gouvernement de la réalité n’est pas confié au hasard ou à une âpre et indigne nécessité : il est confié à la Providence d’un Dieu qui nous aime. C’est de cela que Clélia nous a témoigné ce soir.

Partons ce soir de cet endroit sanctifié par sa présence, en écoutant dans notre cœur les paroles que Jésus lui a dites : « et quand tu as quelque chose qui te perturbe, prends courage et confie le moi, et moi je chercherai à te tranquilliser ». Ainsi soit-il.

Traduction Caroline Colin